Présentation de l'appel à projets > Thématiques

L’Institut français du Monde associatif s’est attaché durant sa première année d’existence à identifier les enjeux et besoins de connaissance du monde associatif. Il s’est appuyé sur une consultation publique, sur des rencontres et ateliers régionaux, sur une campagne d’entretiens qualitatifs et sur des groupes de travail thématiques qui ont touché plus de 600 personnes, chercheurs, associations et partenaires du monde associatif. Les résultats de cette consultation ont été partagés et enrichis avec Le Mouvement Associatif. La liste ci-dessous reprend en synthèse les thématiques de connaissance que le secteur associatif a souhaité voir renforcées.

Il est important de préciser que ce travail d’identification des enjeux et besoins de connaissance a été réalisé principalement avant la crise COVID-19. L’ensemble des effets de cette crise n’est pas encore mesurable et quantifiable et le présent appel à projets permettra justement de mieux comprendre ses effets. Nous pouvons toutefois postuler que les sujets structurants préalablement identifiés n’ont pas disparu des interrogations du secteur. Au contraire, il nous semble que leur acuité n’est que plus forte, mais que la crise a peut-être (ou va sans doute) faire bouger les lignes des fragilités structurelles déjà à l’œuvre. Les travaux devront en rendre compte.

Les travaux de recherche soutenus pourront en particulier aborder les thématiques suivantes.

1. Les modèles socio-économiques d’intérêt général

Quelles sont les spécificités des modèles socio-économiques d'intérêt général portés par les associations ? Quels sont les cadres de référence (disciplines, concepts, outils), explicites ou implicites, utilisés par les associations à leur sujet ? Quels sont les différents modèles socio-économiques des associations dont l'activité est pérenne - sans activité marchande, ou avec une activité économique cohérente avec le projet associatif ? Comment se situent-ils – entre influence et autonomie – par rapport au modèle institutionnel et au modèle entrepreneurial ; et quelles sont les évolutions constatées dans le rapport à l’entrepreneuriat social depuis la loi de 2014 ? En quoi sont-ils différents en particulier des modèles économiques à impact ? Comment développer des modèles globaux prenant en compte les spécificités associatives, l’évolutivité des projets et des contraintes, plutôt que de les banaliser à travers des modèles fixes ? Comment mesurer l’effet du modèle socioéconomique sur le projet associatif ? Comment appréhender la dimension socio-économique comme levier d’innovation démocratique ? Quel impact de l’évolution des contraintes institutionnelles et financières sur les modèles socio-économiques associatifs ?

Qu’est-ce que la crise COVID-19 a révélé des enjeux de modèles socio-économiques d’intérêt général ? En particulier, quel(s) effet(s) d’un traitement des associations avec des mesures de droit commun au même titre que les entreprises classiques ? 

Enjeux pour le secteur : mettre en lumière l’importance des cadrages conceptuels en présence, leur origine, leurs effets sur la capacité à porter un projet associatif autonome ; nourrir les réflexions du secteur associatif et de son environnement institutionnel et partenarial sur la définition, l’évaluation et la valorisation de l’efficience des structures à but non lucratif et sur leur contribution à l’intérêt général.

2. Mieux appréhender la création de valeur du monde associatif et outiller la capitalisation du secteur

Comment qualifier la place des associations comme actrices d’intérêt général, et comme vectrices de transformation sociale ? Comment évaluer leur contribution sociétale et démocratique tout autant que leur contribution économique ? La crise COVID-19 sera-t-elle un révélateur de valeur du monde associatif ? Comment compléter les indicateurs d’évaluation normatifs par des outils de capitalisation performatifs impliquant les associations dans leur propre définition et permettant ainsi une meilleure qualification de leur utilité sociale ? Comment la recherche peut-elle nourrir cet outillage méthodologique ?

Enjeux pour le secteur : dépasser les perceptions informelles et appuyer l’outillage méthodologique du monde associatif lui permettant de mieux capitaliser son expérience et de transformer cette expérience en savoir ; appuyer la planification stratégique des partenaires institutionnels publics et privés du monde associatif par de meilleurs outils de connaissance de la réalité associative et des effets des dispositifs de soutien ; mieux outiller le dialogue entre le monde associatif et ses partenaires sur la base de connaissances qualifiées.

3. De la gouvernance participative à la coopération associative

Dans une perspective interne aux organisations, comment la gouvernance associative permet-elle d’accueillir des volontés d’engagement dans le cadre d’un projet collectif ? Comment cette gouvernance peut-elle encourager la capacitation des membres ? Comment analyser les évolutions des modes de gouvernance vers des organisations horizontales et vers des prises de décisions plus collégiales ? Comment mesurer l’efficacité de ces modes de gouvernance ?

Dans une perspective de gouvernance ouverte vers l’extérieur, comment les coopérations et les nouvelles modalités de relations sont-elles appréhendées comme ressources réciprocitaires ? Quels sont les freins et facilitateurs de ces rapprochements ? Quelles sont les conséquences de ces logiques de rapprochement sur l’identité des organisations ? Selon quels modèles de gouvernance les associations construisent-elles des réponses collectives qui rayonnent sur la prise en charge de l’intérêt général par leur écosystème sectoriel ou territorial ? Quelles sont les tensions entre les logiques de gouvernance internes participatives et externes partenariales ? Quels nouveaux besoins de médiation et d’ingénierie appellent ces nouvelles formes de gouvernance ? Quelles sont les influences et inspirations croisées entre les pratiques de gouvernance associatives et celles des autres organismes ?

Qu’est-ce que la crise COVID-19 a révélé des forces et des fragilités de la gouvernance associative ? Des gouvernances plus en prise avec leur environnement extérieur ont-elles émergé ou fait défaut ?

Enjeux pour le secteur : éclairer sur les spécificités et sur les nouvelles formes de gouvernance et de coopération des associations, mettre à jour les conditions d’optimisation de leurs organisations, accompagner les mutations et la résilience du monde associatif, et contribuer à un mouvement de vitalité démocratique à l’échelle des territoires et des secteurs. 

4. Spécificités de l’engagement et des richesses humaines associatifs

Comment mieux connaître les spécificités de l’engagement au sein des associations et les spécificités de leurs richesses humaines ? Quelle compréhension des motivations et formes d’engagements bénévoles et de leurs évolutions ? Comment le bénévolat contribue-t-il au fait associatif ? Quelle part prend-il dans le parcours social et d’intégration des personnes en situation d’exclusion ? Le développement de la participation – des personnes, de leurs familles, des aidants – ainsi que le travail développé de plus en plus au domicile des personnes transforment-ils les perceptions de l’engagement ? Comment mieux prendre en compte les enjeux d’inclusion et de représentativité au sein de l’engagement bénévole, et dans les instances de gouvernance en particulier ?

Quelles spécificités du travail associatif et quelles frontières entre salariat et engagement au sein du monde associatif ? Quelles ont été les questions soulevées par la crise dans le rapport au travail au sein des associations ? Notamment quelles avancées au sujet de la qualité de l’emploi, de la spécificité de la gestion des ressources humaines, de la RSO, de l’éthique ?

Quelles sont les nouvelles formes d’engagement, les nouvelles activités, et les nouvelles catégories de populations engagées qui ont émergé à l’occasion de la crise COVID-19 ? Comment le contexte de confinement, de distanciation physique et de numérisation généralisée aura-t-il modifié, conjoncturellement et durablement, le fait associatif et la sociologie de l’engagement ? Comment les associations vont-elles s’organiser pour pérenniser ces nouvelles formes et fidéliser les nouvelles catégories de populations engagées ?

Enjeux pour le secteur : valoriser au bénéfice de la société le modèle d’engagement associatif, accompagner les stratégies de développement et de diversité des richesses humaines des associations, capitaliser sur les nouvelles formes d’engagement apparues à l’occasion de la crise COVID-19.

5. Les associations face à l’engagement : des corps intermédiaires spécifiques, légitimes et bousculés

Quel est le rôle de corps intermédiaire régulateur, de créateur de lien social et d’engagement citoyen du monde associatif ? En quoi le modèle associatif trouve-t-il une légitimité et une confiance particulières auprès des citoyens ? Quelles sont les relations et perceptions des citoyens au monde associatif relativement aux autres corps intermédiaires ? En particulier, peut-on identifier la relation entre la participation électorale et la vitalité associative ? Comment qualifier la mobilisation de formes de collectifs informels en dehors des corps intermédiaires, entre demande d’associativité et défiance vis-à-vis des formes associatives institutionnelles ? Comment les libertés associatives ont-elles évolué récemment ?

Y-a-t-il émergence de nouveaux modèles d’engagement associatifs ou évolutions particulières de ceux-ci dans la durée ? Sont-ils le fait de contextes sociaux, politiques ou territoriaux particuliers ? Quelles perceptions des limites du modèle associatif en regard de ces formes d’engagement collectif ? Comment penser une gouvernance associative dans laquelle chacune des formes d’engagement, informelle et institutionnelle, peut trouver sa place ? Quelle place tiennent et pourraient tenir les têtes de réseau dans cet exercice d’intermédiation en recomposition ?

Enjeux pour le secteur : renforcer la connaissance sur l’apport du fait associatif et de l’engagement citoyen collectif à la cohésion sociale et à la démocratie, dans une période de crise de la représentativité, de clivages sociaux et territoriaux et de transformation de l’espace civique ; appuyer les réflexions prospectives sur les synergies entre nouvelles formes d’engagement, monde associatif institutionnel et les autres corps intermédiaires.

6. Des fragilités et des forces du monde associatif

Quelles fragilités structurelles sont aujourd’hui révélées dans l’égalité d’accès aux ressources financières, aux partenariats et alliances stratégiques, dans la capacité de mobilisation bénévole et d’autres formes d’engagement, dans l’agilité numérique ? Quelles sont les zones de force et de résilience qui se sont révélées à l’occasion de la crise ? Sont-elles réellement nouvelles ou issues de courants plus anciens, que la crise aurait re-légitimés ? Comment ces fragilités et forces sont-elles réparties de façon sectorielle, territoriale, et par typologie d’associations ? Quels sont les points de comparaison internationaux, du point de vue de l’expression du fait associatif, de l’organisation des acteurs et des politiques publiques de soutien ? Quels sont les facteurs de capitalisation et de diffusion des forces du secteur associatif, et les conditions de neutralisation de ses fragilités structurelles ?

Enjeux pour le secteur : nourrir un diagnostic du monde associatif pour appuyer l’accompagnement stratégique du secteur.

7. Les associations au regard de l’histoire des crises

Comment les associations et les mobilisations collectives prennent-elles naissance, sont-elles fragilisées, ou sont-elles revitalisées dans des moments de crise de l’histoire (crises sanitaires, économiques, écologiques, politiques, démocratiques, ...) ? Comment composer une histoire du fait associatif au regard des crises ?

Enjeux pour le secteur : mobiliser l’histoire et les acteurs de la mémoire en faveur d’une meilleure connaissance du monde associatif à travers un angle inédit.

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